Biographie

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Eric Heliot est né en 1959, à Petit Quevilly (Seine-Maritime). Il vit en Normandie, à Rouen. Après avoir étudié les Beaux-arts à Rouen et au Havre, il devient dessinateur de bande dessinée. Il publie un premier album ’’Les muses’’ aux éditions Zenda, vaste fresque rassemblant tous les styles qu’il développera par la suite dans ses travaux de peinture et d’illustration. 

Eric dessine également pour les enfants. Un ange passe (Nathan) marque le début de ses activités pour le livre jeunesse. Avec plus de cinquante titres publiés déjà, Eric Héliot prend très au sérieux ses petits lecteurs qu’il considère comme des grands, capables comme nul autre de voyager dans un livre, de partir à l’assaut de chaque détail merveilleux ou insolite, pour mieux vivre dans le monde une fois le livre refermé.


Fidèle à quelques auteurs, Eric Héliot a notamment publié, en collaboration avec Pierre Le Gall, Le cancre et les martiens (Mango) et Mankpa Dpath (Petit à Petit), voyage initiatique et parodique d’un enfant et de son chat au royaume terrifiant des Carpates. Il illustre aussi des textes de l’auteur italien Davide Cali, comme Piano, piano (Sarbacane), histoire d’un petit garçon contraint par sa mère à jouer du piano ou Bernard et moi, histoire de deux amis pas comme les autres, Le costume du Père Noël, La vie de Chapeau ou encore La revanche des aubergines.

Eric Héliot affectionne particulièrement l'absurde, qui lui permet de laisser libre cours à son graphisme élégant et décalé.  La série Constance et Miniature (Hachette) avec Pierre Le Gall en est une parfaite illustration. 

Depuis 2008, il multiplie ses collaborations avec d'autres auteurs : Cherchons loup sachant lire (Kaleidoscope) avec Elisabeth Duval, Sigismond et les Rapapoux avec Christine Naumann-Villemin, Je veux qu’on m’aime avec Alain Chiche, Inspecteur Cats (Actes Sud Junior) avec Agnès Bihl. Chez Bayard, il illustre la célèbre série américaine de Ian Ogilvy Mignus Wisard.








Entretien avec Eric Héliot, par Laure Voslion, Région de Haute-Normandie, 2005

Enfant, viviez-vous dans votre bulle à lire des BD et à dessiner ou étiez-vous plutôt du genre physique et casse-cou ?

"J’étais plutôt dans ma bulle. Je vivais à la campagne et pendant que les autres enfants faisaient des cabanes et couraient partout, je dessinais des BD dans mon coin. J’en ai rempli des cahiers entiers. En fait, je n’avais qu’une envie : dessiner. J’étais un enfant un peu renfermé et, avec la bande dessinée, j’ai trouvé une famille".


Comment êtes-vous arrivé à l’illustration ?

"J’ai fait mes études aux Beaux-Arts. Et je suis arrivé à l’illustration par le biais de la bande dessinée. Assez rapidement, je me suis ennuyé à faire une case après l’autre. Mon imagination m’emportait toujours au-delà du cadre imposé. J’ai publié un premier livre de jeunesse pour les éditions Nathan. J’y ai pris goût immédiatement. J’ai aussi fait du dessin de presse, notamment pour le supplément Livres du journal Libération et pour Actuel. Aujourd’hui, j’ai plusieurs dizaines d’ouvrages à mon actif".


Comment naissent vos dessins ?

"Il y a plusieurs cas de figure. Il y a bien sûr le dessin spontané, sorti de mon imagination. Il y a aussi les dessins faits pour les albums avec le support du texte. Là, c’est ma propre interprétation du texte et mon univers graphique qui guident le dessin. Pour les supports de communication enfin, c’est encore une autre démarche. Il y a une grande contrainte à la base à laquelle il faut répondre tout en gardant un dessin agréable et efficace. Cela me plaît beaucoup. Quant à la peinture, c’est mon jardin secret, je m’y réfugie dès que je le peux".


Quels sont les auteurs avec qui vos collaborations sont les plus fructueuses ou intéressantes ?

"Je travaille régulièrement avec le Rouennais Pierre Le Gall. Ses textes m’inspirent et son univers correspond vraiment au mien. L’absurde et le non-sens prévalent dans ses écrits. Je travaille également avec l’auteur italien Davide Cali que je n’ai jamais rencontré d’ailleurs. Ses textes me sont directement transmis par notre éditeur. Ce type a un esprit très décalé avec lequel je me sens vraiment à l’aise. Notre prochain livre Le costume du Père Noël sort mi-octobre aux éditions Sarbacane".



Article de Christine Lecerf, pour ARTE

Eric Heliot était un mauvais élève. Il gribouillait sur tout ce qu’il trouvait. Ses parents n’étaient pas du tout contents. Depuis près de vingt ans, il est caché au fond de son jardin et écoute de la musique en dessinant. De la musique bizarre qui éclaire les murs de son atelier. Eric Heliot est un être complètement atypique dans l’univers des dessinateurs français. Inclassable, illustrateur ou peintre, tendre ou caustique, il dérange et enchante tout à la fois.

Un peu comme l’américain Robert Crumb qu’il admire depuis qu’il est adolescent, Eric Heliot est un grand obsessionnel : il écoute toujours la même chose, il dessine toujours la même chose. Inlassablement. Au crayon, à la plume, au pinceau. Des femmes, longues et belles, calligraphiques et sensuelles. La femme comme utopie : magnifique et sensée, femme d’esprit et de corps. Le monde ou une partie du monde tel qu’Eric Heliot voudrait qu’il soit. Mais dès qu’Eric Heliot sort de son jardin, tout bascule : la voiture est en panne, le pape est mort et le chômage a encore augmenté ! Le monde est loin d’être parfait. Eric Heliot préfère donc le réparer, à sa manière. Bizarre jardinier, il fait pousser des ampoules électriques dans les fougères.Etrange bricoleur, il fabrique des robots sympathiques et charitables, des machines désuètes, ridiculement sophistiquées : valises crocodiles, robots limaces ou pianos à moteur volants.

Drôle de créateur, il repeuple la terre d’ânes intelligents, d’animaux bizarres, étrangement humains : des hommes en costume cravate avec des queues de tigre ou bien des éléphants civilisés regardant des films sur l’Afrique. Rêveur, Eric Heliot l’est assurément. Grand admirateur de l’univers poétique de Bruno Schulz ou d’Edward Gorey, son dessin fragile et obstiné fait rêver, rire et pleurer. 

Poète étrange, Eric Heliot célèbre l’esprit d’enfance tout simplement.